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gens-là ont l’éternité devant eux, qu’il s’agisse des petits canons de tranchée, des gros canons de marine à mettre sur rails, etc. ».

— Souvent, dans le métro, on voit des gens en uniforme, qui ne sont certainement pas professionnels, qui se font des grâces, des saluts, et si jubilants, plus militaires que les militaires.

— Dans un roman d’avant-guerre de Marcel Prévost sur l’Allemagne, M. et Mme Moloch, je vois ce mot forgé par lui sur les gens qui vivent de la guerre : les bellicoles.

— Le 13. À la Vie Féminine, réception et discours de Mme Despard-French, la sœur du maréchal commandant les Anglais. Elle dit des choses touchantes. Mais voilà qu’elle prononce : « La guerre n’est pas logique. Elle détruit sans reconstruire. Elle est méchante. » Et elle insiste, elle appuie : « N’est-ce pas qu’elle est illogique, qu’elle est méchante ? » Mais on sent la résistance de ce public où il y a 95 femmes pour 100. Non, les femmes françaises ne veulent pas acquiescer. Est-ce par conviction profonde ou par souci de la voisine ?

— Que c’est triste, ces malheureux soldats sur deux béquilles qui montent dans le métro. Aux maux de la nature, en ajouter du fait des hommes !

— Un point de vue curieux, c’est que les Français combattent pour la liberté dans une absence totale de liberté, enchaînés qu’ils sont par la dictature militaire et les censures.

— Le 15 février, Congrès socialiste des alliés à Londres. Les délégués des quatre nations se déclarent opposés à une guerre de conquête ; ils imputent la guerre actuelle à l’impérialisme, au capitalisme, à l’expansion coloniale. Parmi les délégués français, le ministre Sembat. D’où la scène suivante : Le 16