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— Chaque jour, sous les plumes réactionnaires, revient l’affreuse légende : on n’avait pas préparé le pays à la résistance. S’il tient, c’est grâce aux hommes, malgré l’impéritie du régime.

— Un brigadier de gendarmerie arrive chez Mme Guillaumet et lui annonce que son fils Philippe est déserteur. Or, il est blessé et prisonnier à Nuremberg. Quand elle a cité ses preuves et ses puissants amis, le brigadier lui demande de l’avancement pour son fils, qui est postier.

— Un artilleur disait à Briand qu’il ne pouvait pas essayer ses obus parce qu’il n’avait pas son champ de tir habituel. « Pas de champ de tir ! s’écrie Briand. Et les 600 kilomètres de front ! »

— Interdiction d’écrire aux prisonniers français autrement que pour leur donner des nouvelles de leur famille. Rien de la situation. Alors, à un prisonnier qui a deux petites filles, on donne des nouvelles d’une troisième qu’on appelle Victorine et qui est la France. Victorine a eu une crise, elle va mieux, elle attend son complet rétablissement.

— Au déjeuner (le 28 novembre) Briand, les Sembat, Bouttieaux, Mme de Flers. Bouttieaux admet que les zeppelins peuvent venir sur Paris. Ils partiraient de Cologne vers 4 heures après-midi, passeraient nos lignes à la nuit et seraient sur la ville à 10 heures du soir. (Le général Hirschauer voyait surtout les zeppelins sur Londres, départ de Belgique à 4 heures du matin et arrivée sur Londres à 8 heures en hiver.)

— Briand poursuit ses rêves bucoliques, une petite maison, pêche et chasse. Quant à Sembat, ce n’est pas sans mélancolie que l’on constate son goût du pouvoir, son épanouissement ministériel, sa friandise de son titre — étant donné qu’il avait