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comprendre le nationalisme. Barrès se promène avec son fils, âgé de 4 ans. Il aime son petit, le choie, lui évite les courants d’air, tremble qu’il n’ait froid en voiture, lui choisit des climats favorables, le Léman, le Lac Majeur et, en Alsace, lui dit : « Ne faut-il pas qu’un jour tu fasses la guerre contre les Prussiens ? » (page 88). « Ta raison de vivre, c’est la Revanche » (page 92).

Un chauvin répondra qu’il doit sauver son fils des maladies pour l’offrir à la Patrie. Ce que je retiens, c’est le souhait avéré de Revanche.

J’ajoute que cet enfant est élevé dans la haine méprisante de l’Allemagne. Le père enseigne à son fils que seuls les chiens français ont une âme, que les chiens allemands n’en ont pas, ni les Allemands non plus !

— En mai 1915, Edmond Rostand, à Larçor, dans les Pyrénées, était secrétaire des soldats. Il écrivait leurs lettres, une fois la semaine. Il était en uniforme, la croix de commandeur au cou, l’écusson brodé d’un caducée traversé d’une plume.

— Les journaux du front ont parfois de gaies trouvailles : des soldats veulent emporter leur périscope en permission pour en user à l’envers et voir ainsi ce qui se passe sous les jupes.

— Anecdote du dessinateur C… : Un officier italien entraîne par la parole ses hommes à sortir de la tranchée. Il évoque dans un langage de feu l’ennemi héréditaire, le roi qui plane en avion sur la bataille. Puis il s’élance, se retourne. Les hommes sont restés dans la tranchée, applaudissant : « Brava, brava. »

— Le 17, à la Chambre, Abel Ferry expose un vœu en faveur d’un contrôle effectif aux armées. Il y a environ 200 voix contre le Gouvernement, qui s’oppose à la discussion. Le matin, le G.Q.G. avait