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l’Allemagne. C’est une des faces de la demi-folie de cet homme. Et le contraste était douloureux, entre ces paroles prononcées dans un décor opulent et ce fait : la fille de Jaurès envoyant cent sous par mois à son frère soldat, sur les 150 francs que lui fait une œuvre d’assistance.

— J’y insiste : le drame se noue entre la bourgeoisie qui veut prolonger la guerre par orgueil et par crainte de l’après-guerre, et la minorité socialiste qui veut la fin de cette boucherie.

— Un marchand de manteaux exploite en réclame l’hostilité créée contre la mission Ford, disant que ses conférences pacifistes ont provoqué un tel froid qu’il importe de se couvrir chaudement.

— Quel mystère… Pourquoi n’a-t-on pas fait plus pour les régions envahies, pour rester en contact, leur envoyer des avions porteurs de nouvelles, etc. ?

— Le 30. Déjeuner avec Besnard, sous-secrétaire à l’Aviation. Il est vivement attaqué, pour diverses raisons. Certains de ses détracteurs sont intéressés. Les autres (Clemenceau) visent en lui le lieutenant de Poincaré. Il voulait travailler et ne pas répondre, mais il en a assez. Il avait pris comme chef de Cabinet un ingénieur des Manufactures de l’État, qui avait fait beaucoup de mécontents. Bunau-Varilla s’étonne un jour devant Briand que la place fût tenue par un ingénieur des Tabacs : « Bah ! dit Briand, comme les dirigeables ont la forme d’un cigare, il saura les reconnaître ! »

— Ce même Besnard dit que Barrès est très pessimiste et qu’il y a une forte ironie dans le fait qu’il est condamné à chanter victoire tous les matins dans l’Écho de Paris.

— Le 31. Sur le referendum possible des Alsaciens-Lorrains, l’industriel L… me dit que 75 0/0