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exemple, lui qui n’a pas touché un fusil depuis 16 mois. Le permissionnaire de lui répliquer : « Eh bien, viens donc avec moi aux tranchées. Tu en toucheras un, de fusil ! » Et fier de son algarade, ce soldat ajoutait : « Ah ! Il ne faut pas croire qu’après on nous mettra dans un sac ! »

— Feuilletons : Les Gars de la Flotte. Après Haine Éternelle, le Petit Parisien publie les « Mémoires de l’Héroïne de Loos ». C’est une jeune fille de 18 ans. Elle a sauvé des blessés anglais et tué cinq Allemands de sa main. Son portrait couvre tous les murs. On lui a décerné la croix de guerre, en pompeuse cérémonie. Singulier mélange de publicité et d’honneurs militaires.

À citer aussi : L’Amour dans les ruines.

— Passant en auto à Chantilly, une dame dit : « C’est là qu’habite le gâteux. » Puis, songeant à une récente nomination : « Pardon ! Le gâtissime ! »

— Le 4, Albert Thomas a fait un discours, après Barrès, au monument de Champigny. Tel est la fatale déformation du pouvoir, que ce socialiste unifié a pris le ton des chauvins, le « jusqu’au bout », l’écrasement du militarisme et de l’impérialisme prussiens, etc., à croire qu’il s’était trompé de papier avec Barrès.

— Je dis à une dame : « Il y a eu hier une épouvantable catastrophe ; 1.500 morts, 1.500 blessés. » Elle s’effare : « ou ça ? » Je réponds : « Sur le front français. » Elle s’apaise.

— Une chose affreuse, c’est de voir que les prochaines générations sont préparées au goût de la guerre. On cultive chez les enfants l’excitation au meurtre. Tous les jouets d’étrennes sont militaires. On voit des caricatures comme celle-ci. Un enfant s’effare à la vue d’un Turco et demande : « Maman,