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— Le 11. On propose un impôt sur les bénéfices de guerre. Un ministre socialiste a tenté violemment de repousser le projet, assurant qu’on découragerait l’élan des industriels. Il n’y a pas d’homme qui reste pareil à soi-même au pouvoir.

— Dîner avec Bouttieaux au petit restaurant de la Légion d’honneur, en face le ministère de la Guerre. Il me confie le peu de goût de son sous-secrétaire d’État pour la technique de l’aviation et, au contraire, son amour de l’éloquence. Dès qu’il est sur un aérodrome, il s’empresse de haranguer les constructeurs : « Leur zèle, la patrie, etc… » Carte blanche est donc laissée à Bouttieaux pour l’élaboration d’un programme technique. Et, aux yeux de ceux qui voient dans une lutte aérienne intensifiée la décision de la guerre, ce colonel tient donc dans ses mains le sort de la lutte mondiale. J’ajoute que Bouttieaux est hostile à cette vue. Il la traite de roman à la Verne et à la Wells. Il sait les difficultés de réalisation. Rien que pour renouveler le matériel pour le printemps 1916, ainsi que le demande le G.Q.G., il faut 5.000 mécaniciens de précision. Or, ce même G.Q.G. n’en trouve que 500.

— Une malicieuse anecdote de Tristan. Un journaliste a fondé un organe d’influence française à l’étranger, qui vit de subsides. En particulier, une forte somme des Affaires Étrangères. Cette somme épuisée, le journaliste en demande le renouvellement à Delcassé, ministre en place. Delcassé résiste. Le journaliste lui représente que lui-même, Delcassé, peut avoir besoin de la presse. Le ministre cède. Et le journaliste de s’écrier en contant ce trait : « Et quand on pense que le sort du pays est dans de pareilles mains ! »

— Le Docteur R… agit électriquement sur les