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— Sur le changement ministériel : il semble bien que Viviani ait tenté l’élargissement et que certains concours se soient dérobés ; on lui laissait entendre qu’il était fatigué. De fait, il s’était endormi à l’un des derniers Conseils. Des insomnies le contraignaient à prendre des stupéfiants dont il effaçait l’effet ensuite par des excitants. Des hommes comme Freycinet ne voulaient pas de Millerand. Bref, une tâche difficile.

— Quant à Briand, il a obéi aux sollicitations de ses amis et à celles qu’il entendait en lui-même. Depuis des mois, bien qu’il s’en défendît, on lui prêtait l’intention de préparer un cabinet. Plus ou moins inconsciemment, il a profité de la glissade de Viviani. Le voilà au pouvoir et, très audacieusement, il dit en substance, en commentant la déclaration ministérielle à la Chambre : « Quand vous serez tentés d’écouter vos haines de parti et de faire choir le gouvernement, songez aux hommes du front et aux femmes en deuil. » Il ne veut plus de ces dissentiments-là…

— À la Chambre, le socialiste Renaudel répudie la politique de conquêtes. La droite et le centre protestent violemment. Ainsi, ils veulent des conquêtes ! Ou bien ils sont ivres de cette griserie collective qui s’empare de 600 personnes en espace clos, surtout quand sonnent les mots patriotiques. Ou bien ils n’ont pas entendu leurs électeurs dont la majorité est lasse de la guerre.

— Le 3. Visite à Villacoublay avec Bouttieaux. Là fonctionne le concours pour le nouveau type d’avion de bombardement. Nul constructeur n’a réalisé le type exigé par le G.Q.G. On voit par cet exemple la difficulté de créer des armements nouveaux malgré d’inépuisables ressources. Je vois là