Page:L'envers de la Guerre - Tome 1 - 1914-1916.djvu/164

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Le 14. Le colonel Driant, gendre du général Boulanger, dit à la Commission de l’armée qu’un des généraux engagés dans l’offensive de Champagne aurait échoué dans la prise de la deuxième ligne, faute de munitions d’artillerie. Un député exige le nom du général, « une brute ou un scélérat ». Driant refuse.

— La figure de Delcassé doit rester comme celle d’un des principaux artisans de cette guerre. Il semble qu’il ait été hanté toute sa vie par la haine de l’Allemagne, haine passée à l’état de monomanie et de mégalomanie. C’était une affaire entre lui et le kaiser. La planète n’était que le ring de ce match. « À nous deux. » Il a souvent fait applaudir sa folie et pratiqué longtemps sa méthode, qui consistait à mettre ses collaborateurs devant le fait acquis, devant des papiers signés par lui à leur insu. Je crois que sa monstrueuse aventure, traversant la vie de la France, commence avec Fachoda. Elle se poursuit avec l’affaire marocaine, l’année d’ambassade à Saint-Pétersbourg au début du règne de Poincaré. La guerre la couronne.

— Le 15. Dîner avec le colonel R…, du Service des munitions. En mai dernier, les armées réclamèrent 400.000 couteaux à virole. R… chercha ses modèles à la Préfecture de Police, qui possède un musée des instruments de meurtre.

— Dans La Liberté du 14, on lit : « Piraterie : Les sous-marins allemands ont coulé trois transports français en Méditerranée ». Et juste au-dessous : « Les Sous-marins anglais dans la Baltique : Sur 27 navires allemands attendus à Luléa, 9 seulement sont arrivés ».

— Devant les résultats de la dernière offensive — 10 tués au mètre conquis en profondeur — je dis