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— Le lieutenant du sergent D… jetait des grenades sur un lot d’Allemands qui se rendaient, à Notre-Dame de Lorette. D… criait : « Mon lieutenant, arrêtez ! Ils en feront autant aux nôtres ! Ils ne se rendront plus ! » Quand je conte ce fait devant des patriotes, je devine leur protestation. Ils veulent le meurtre des prisonniers. Il faut que nos descendants connaissent cette mentalité.

— Mais que l’être est divers ! La même personne, qui voulait ces assassinats, signale l’humanité d’un commandant allemand d’un camp de prisonniers français, qui apprend avec ménagement au fils de Ferdinand Dreyfus la mort de son père et lui permet, malgré la règle, d’écrire désormais chaque jour à sa mère.

— Le 21. Départ en mission avec Pasquet pour la région du Nord…

— Le 25. Un officier territorial, qui m’est envoyé par Lyautey, me dit que ce qui le frappe, en débarquant du Maroc, c’est l’anémie, le manque de fièvre, de tension vers un but. Il déplore qu’on ait masqué la vérité au pays. Pour lui, il faut vaincre, ou bien c’est la fin de la France, comme ce fut la fin d’Athènes et, dans ce dernier cas, plus de liberté, une atmosphère étouffante, une grande tristesse, une lourde humiliation, sous le joug économique allemand. La France cesserait d’être elle-même.

— Le 26 août. C…, frappé par les défaites russes, renonce à ses vœux de paix. Trop tard ! dit-il. Maintenant, c’est bien vaincre ou mourir.

— On dit que les hommes répugnent à employer la baïonnette, parce qu’il faut « débrocher » l’adversaire. Alors, on leur donne un couteau.

— Cruppi, retour de Russie, publie dans le Matin une interview du tzar qui évoque « les fortes paroles