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minute par minute, du fond d’un bureau. Bref, le procès du G. Q. G. et des États-Majors, leur travers de régler les choses de trop loin, avec minutie et sans souplesse.

— Les officiers de troupe appellent ceux d’État-Major : la viande de conserve.

— La maladie contractée aux tranchées est moins honorée que la blessure. Et les troubles provoqués par l’éclatement de l’obus (surdité, mutité, crises nerveuses) sont moins honorés que la bonne vieille blessure sanglante.

— Je reçois la visite d’un ami d’Anatole France, envoyé par lui, l’Anglais Deel. Il me dit qu’on mit dans la Légion Etrangère des étrangers, deux fois généreux, qui voulaient se battre pour la France. Mais on a gardé dans ce corps la discipline sauvage du temps de paix, où l’on croyait devoir mener dur les déchets sociaux qui s’enrôlaient dans la Légion. C’est ainsi qu’on a fusillé récemment neuf Russes. L’ambassade a réclamé.

Il dit l’irritation des campagnes, leur vœu de paix actuelle, qu’il a notés dans la Sarthe, la Lorraine, la Touraine.

— Le 17 juillet. Départ pour Doullens avec M. Thomson et Pasquet. Arrêt à Amiens, la plus riante, la plus vivante, la plus joviale des villes de l’arrière-front. Uniformes pimpants, trottoirs animés. Arrivée à Doullens à sept heures. Dîner à la sous-préfecture avec le maire, le médecin-chef, le commandant d’étapes, etc. Tout ce monde loue la résignation des soldats. Ceux qui rentrent de permission sont si gais qu’on croit qu’ils partent. Toutefois, dans les apartés d’après-dîner, on s’étonne que Poincaré, dans son discours du 14 juillet, n’ait pas prononcé le nom de la République. R… montre