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Russie, assure qu’on accuse unanimement là-bas les Français de se tenir tranquilles. Nombre de fonctionnaires, dit-il, sont germanophiles. Notamment le préfet de police, qui tient le tzar en lui révélant le secret des correspondances. Il en serait friand comme Louis XV, bien qu’il n’ait pas, quant aux femmes, le même appétit que ce roi, tout au contraire. Le ministre de la Guerre serait lui-même germanophile et, après chaque défaite, dit : « Si on parlait de la paix ? »

— Quelqu’un dit : « Deux nations sortiront grandies de cette guerre : la France et l’Allemagne. »

— Tristan Bernard rappelle qu’il y eut deux offensives, l’une à Tout-Vent, l’autre à Moulin-sous-Touvent. Ces deux localités sont distantes de 150 kilomètres. Il assure en blague que l’une des deux offensives fut faite par erreur, par une confusion de nom, et que ce fut celle-là qui réussit.

— F… me dit qu’il y a dans chaque soldat aux tranchées deux hommes : l’homme de jour, qui crâne, et l’homme de nuit, qui pleure.

— C’est décidément un des grands drames de l’heure de ne pas pouvoir dire son horreur de la guerre en elle-même. Il faut en être fier, et trouver cela beau.

— Le 22. Bouttieaux revient de Londres. Il a réclamé à Kitchner des mitrailleuses promises. Le ministre n’a cédé qu’à la menace qu’on ne lui livrerait pas des avions promis en retour. Bouttieaux rapporte l’impression d’une ville très tranquille, que les zeppelins ne troublent pas.

— Le 24. La commission de l’Armée du Sénat a voté un blâme à l’administration de la Guerre. Effervescence au Conseil. Doit-on interdire la publication de ce blâme ? Puis Viviani se plaint que le