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mais, sur la parenté, ses indications sont trop sommaires, surtout par rapport à l’intérêt de la question (p. 336 ; v. p. 307, un type remarquable de droit du dernier né). Mais il nous indique une remarquable forme de commerce, qui se présente sous l’aspect d’un contrat réel, personnel, général, obligeant l’acheteur à échanger tout ce qu’il possède avec le vendeur (p. 309). Il est évident que les Esquimaux sont parmi les populations les plus intéressantes au point de vue d’une étude comparative des systèmes de propriété et d’échange ; voir, par exemple (p. 442), un remarquable rite qui fait que le vendeur retient toujours une parcelle (d’âme ?) de la chose vendue.

À propos des Esquimaux de la terre de Baffin et de la baie d’Hudson, M. Boas et ses informateurs n’ont pas non plus attaché grande attention (au moins lors de la publication) aux phénomènes juridiques. On sait que M. Boas a été l’un des premiers explorateurs de ces régions, où il a conquis ses galons d’ethnographe. Ce livre doit être considéré comme un supplément aux recherches publiées dans le VIth Report du Bureau of American Ethnology, et il est surtout composé des nouvelles observations prises, sur les instructions de M. Boas, par trois résidents Européens, chez les Kinipetu de la terre de Baffin, et les Aivilik de l’ouest de la baie d’Hudson.

Toute une première partie est consacrée à une étude détaillée de la technologie de ces tribus, où nous signalons particulièrement (p. 63, 92, etc.) l’existence d’instruments de pierre (paléolithiques), assez rarement constatée chez les Esquimaux.

Mais c’est surtout à propos des phénomènes religieux que ce livre est remarquable, et il complète, pour ainsi dire définitivement, les recherches de M. Boas sur ces mêmes tribus. En premier lieu, ils nous fournissent des documents incomparables sur l’institution du tabou Esquimau et sur le tabou en général. Nous avons quelquefois parlé de l’intérêt que présentent, parmi les tabous, les tabous purement sympathiques (qui ne supposent pas nécessairement la présence d’un dieu ou d’un esprit personnel). Parmi les tabous sympathiques, les plus intéressants peut-être sont les tabous de mélange, du genre de ceux qui défendent, encore de nos jours, le mélange du gras et du maigre dans l’estomac d’un dévot catholique ou juif. Les capitaines Comer et Mutch, le Rev. Peck en ont colligé, pour M. Boas, une liste considérable et remarqua-