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4 L'HUMANITÉ NOUVELLE

une partie essentielle de la série psychosociale, les conditions qui relèvent de la première sont naturellement comprises parmi les conditions commandées par la seconde.
En étudiant les rapports d’une science avec tous les membres de la grande série, nous éludions nécessairement ses rapports avec les membres de la petite série, de la même succession causale réduite à son premier terme.
Nous avons éclairci et surtout agrandi, comme il convenait, notre horizon. Nous voilà, dès à présent, en mesure de brièvement formuler les principales conditions que doit remplir toute science abstraite tendant à se « constituer ».
Nous résumons ces desiderata sous les deux chefs suivants :
Rapports avec la philosophie. — La science visée inaugure une période de complète indépendance à l’égard aussi bien de la religion que de la métaphysique ou, en général, de la philosophie. Or, comme toute science non constituée ou empirique se trouve régulièrement assujettie à l’ensemble des idées générales qui dominent à une époque, c’est la rupture, nette, catégorique et souvent violente. Ce signe, qui est essentiel, ne trompe jamais. Mais la science ne se débarrasse pas seulement des lisières qui rattachaient à la religion ou à la philosophie ; elle ne se contente pas de briser ces liens devenus à ses yeux indignes d’elle et quelque peu ridicules ; elle va plus loin : consciente de sa force, de son pouvoir accru, elle impose désormais sa loi aux conceptions et aux croyances générales.
Elle rétablit d’une manière ostensible et pour ainsi dire publique, coram populo, le rapport caché qui toujours subsista entre la source et le courant du fleuve, entre le fait particulier et le fait général, entre la notion scientifique et le concept philosophique.
2° Rapports avec les trois termes restants de la série psychosociale, dont l’un, le savoir, précédé la philosophie > et les deux autres, l’art et l’activité pratique, lui sont consécutifs.
La nouvelle science n’est évidemment possible que si son objet particulier pu sa matière ne se confondent pas avec l’objet particulier ou la matière des branches déjà existantes du savoir.
Ce point acquis, il faut passer à la considération des rapports qui ne tardent pas à se nouer d’une façon lente, mais nécessaire, entrera nouvelle science d’une part, et de l’autre, les conceptions esthétiques et les conceptions pratiques de l’époque correspondante ; qui ne tardent pas à s’établir, dis-je, ou plutôt, qui continuent à subsister, mais sous des formes notablement modifiées, avec une intensité, une acuité beaucoup plus grandes. La nature de ces liens est identique à celle des liens qui unissent le savoir particulier à la philosophie : ce sont des rapports d’antécédence causale et, par le fait, de commandement.
Mais, tandis que la science gouverne directement sa fille, la philosophie, elle, n’exerce une influence vraiment appréciable sur l’art que d’une façon indirecte ou par l’intermédiaire des idées et des croyances générales. Quant au rôle tenu par la science dans l’ordre des choses pratiques, ou de pure application, il est de deux sortes : d’une part, la science commande en souveraine absolue aux technologies corré-