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FERNAND BROUEZ



Parmi les lecteurs de l’Humanité Nouvelle, il en est quelques-uns, sans doute, qui ignorent la mort récente de Fernand Brouez, le fondateur de la Société Nouvelle, à laquelle notre revue succéda, quand une maladie cruelle eut mis Brouez dans l’impossibilité de continuer la tâche à laquelle, pendant une douzaine d’années, il s’était adonné tout entier. Absorbé qu’il était par le gros travail de préparation que comporte une œuvre de ce genre, il n’a signé des articles que rarement. Se tenir au courant du mouvement scientifique et littéraire, lire force manuscrits, — puis la correspondance et la direction matérielle, — il s’y adonnait avec une noble passion, avec un dévouement de tous les instants, un labeur qui semblait infatigable : il y perdit la santé, puis la vie.

C’était le fils de Jules Brouez, un homme admiré de ses entours pour sa haute intelligence et pour une force de volonté qui le mettaient hors pair. Disciple et collaborateur du philosophe et sociologiste Colins, il savait ce que valent l’instruction et surtout l’éducation. À ses deux fils, — le premier mourut dans la fleur de la jeunesse, — il donna une éducation qui dans son milieu provincial passait pour hors ligne : les classiques, physique et mathématiques, histoire et histoire naturelle. Fernand se fut fait helléniste volontiers, mais, quand il lui fallut faire son choix, il se décida pour la médecine. Élève assidu et même enthousiaste des bons professeurs, il disait son fait à tel ou tel professeur auquel l’opinion reprochait de ne pas s’élever jusqu’à la médiocrité officielle. Autant il admirait ce qu’il croyait bon et juste, autant il réprouvait ce qu’il croyait faux ou stupide. D’instinct il se plaça à l’avant-garde, et d’emblée des camarades le prirent pour chef de file ; il avait le bel enthousiasme qui se double de combativité. L’heureux mortel fut un Prince de la Jeunesse. Et, quand il fallait donner de sa personne, il ne s’y épargnait point, se prodiguait avec joie. Ce fut comme interne qu’il vit sur un lit d’hôpital la jeune personne qui devint la compagne de sa vie et son épouse dévouée.

Cependant Brouez ne fut pas médecin. Lui et ses amis, bande