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les plus grossières, et qu’il cultive cette qualité qui est la première vertu républicaine, ce sentiment de la sainteté de la vie qui fait qu’un homme respecte son prochain sans souci de son rang social et intellectuel. Aucun de nous n’est entièrement dépourvu de cette qualité républicaine, mais il ne s’agit pas seulement de la posséder ou de ne pas la posséder, mais bien d’en être doué à un degré plus ou moins élevé. Il est certain que, si ce sentiment n’est pas assez fort chez un homme pour qu’il en soit habituellement au moins un peu conscient, cet homme est à peine assez bon pour le monde actuel, et il l’est encore beaucoup moins pour le monde socialiste à venir.

C’est seulement pour un tel homme que l’Égalité peut avoir de la valeur dans une société où les individus diffèrent tant l’un de l’autre au point de vue de l’habileté personnelle, depuis le paysan jusqu’au poète et au philosophe. Peut-être aussi n’est-ce que devant un homme semblable qu’un socialiste peut discourir aussi librement que je l’ai fait, sur les illusions de sa propre croyance, sans crainte d’offense ou d’arrogance et sans y mettre, intentionnellement du moins, la moindre nuance de cynisme voulu et prémédité.


Georges Bernard Shaw.


(Traduit de l’anglais par Henriette Rynenbrœck.)