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des whigs comme sauvegarde des droits naturels montre que la question de s’assurer leur entière action pratique est beaucoup plus compliquée qu’elle ne semblait au premier abord. On s’aperçoit que, de même que la science ne jette aucune lumière sur la fondation dogmatique de la démocratie, de même les dogmes des droits naturels ne jettent aucune lumière sur la science politique. La conséquence la plus immédiate et la plus manifeste de l’établissement de ces dogmes a été la création d’un état de choses qui est un véritable enfer d’esclavage, de misère et de destruction dans les fabriques et dans les usines, absolument hors de question comme moyen d’entendement social permanent et satisfaisant, quoi qu’il soit cependant encore meilleur que tout ce qui a été tenté jusqu’à ce moment. On a fini par découvrir que le facteur principal de la société humaine n’est pas l’organisation politique, mais bien l’organisation industrielle d’un pays, et, qu’assurer au peuple le contrôle de l’organisation politique, tout en laissant l’organisation industrielle lui glisser entre les doigts, c’est encore augmenter son esclavage sous des dehors de politique de liberté et d’égalité. En un mot, il est inutile pour le peuple de contrôler le gouvernement si celui-ci ne peut contrôler l’industrie.

Quand ceci fut clairement établi, l’école de Manchester fut remplacée par l’École collectiviste ou socialiste[1], et la démocratie devint la Démocratie Sociale qui visait à la réglementation et finalement à l’appropriation, à l’organisation et au contrôle de l’industrie par l’État. Il faut bien observer que nous n’avons ici aucune rétractation ou aucune revision des dogmes de la constitution américaine. La démocratie est toujours à la poursuite du bonheur et aspire toujours à une vie et à une liberté plus grandes tout en continuant à ignorer les enseignements de l’ascétisme et du pessimisme. Le socialisme est absolument d’accord avec la démocratie pour affirmer que le système qu’il propose se maintiendra ou tombera suivant le succès qu’il obtiendra dans ses efforts pour rendre le peuple plus vivant, plus libre et plus heureux qu’il ne pourrait l’être sans lui. Le socialisme n’est donc pas différent, à son point de vue dogmatique, de la vieille démocratie, du républicanisme, du radicalisme ou du libéralisme, ou même du « conservatisme » anglais, qui ne prétend plus être l’organe d’une classe ennemie du peuple, et qui est en fait plus avancé au point de vue pratique que la démocratie sociale allemande. La seule distinction à établir consiste dans ce fait que le collectivisme industriel est la vraie science politique de la démocratie. Les socialistes ne disent pas aux partisans de l’école . Mais un court essai de l’anarchisme

    plus de ces rationalistes matérialistes qui croient que, parce que la dynamite est logique, son emploi est humainement efficace. Je veux seulement parler ici de ceux qui, comme M. Herbert Spencer et Kropotkine, voudraient résoudre le problème social par la suppression de la contrainte et de l’initiative de l’État, pour les remplacer par le pouvoir et l’action de l’individu libre.

  1. Les socialistes ne doivent jamais oublier les obligations qu’ils ont envers les positivistes, obligations si grandes que M. Sidney Webb a déclaré que l’application moderne la plus manifeste de la « loi des trois états » de Comte est que le « comtisme » est le degré métaphysique du collectivisme et celui-ci le degré positif du comtisme.