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mands : elles sont sur nous-mêmes. La plus célèbre de toutes : Pourvu quils tiennent — Qui ça ? — Les Civils, figurée par deux « poilus » exposés aux balles, au froid, à la faim, dans les tranchées, n’est point destinée à ridiculiser l’Ennemi, mais à réconforter ceux qui ne risquent rien, ceux de l’arrière, par l’exemple de ceux qui, sans se plaindre, risquent tout.

Et jamais, aux heures les plus brillantes du Doux Pays, M. Forain n’a été mieux inspiré. Au même ordre d’idées appartiennent une foule de dessins comme celui de M. Roubille. « Je vous l’achète, votre casque ! » dit un monsieur quelconque, orné d’un brassard où on lit Service-Publicité, en s’adressant à un blessé, décoré de la médaille militaire. Celui-ci a rapporté un casque à pointe et le montre à un groupe de passants dans la rue. « Il n’est pas à vendre, répond le « poilu », mais je puis vous donner l’adresse du magasin. »

Et aussi, cette page excellente de M. Ricardo Florès. Ce sont encore les poilus de M. Forain. Un an a passé : ils sont toujours dans la tranchée, au froid, emmitouflés, le nouveau casque posé sur leur passe-montagne, et lisant le journal. « Ils ne crieraient pas si fort s’ils étaient ici ! » remarque l’un d’eux en fumant sa pipe. Voilà de quoi défrayer bien des mémoires à de savantes académies, si, un jour, les archéologues s’emparent de ce texte obscur. Il y aura bien des discussions pour savoir lequel des corps d’armée allemands, bulgares,