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pas avoir de nez, vous en conviendrez, n’est pas bien séant. Une marchande qui vend des oranges sur le pont de Vozniessensk peut rester là sans nez, mais moi qui ai en vue d’obtenir… avec cela, qui fréquente dans plusieurs maisons où se trouvent des dames : Mme Tchektyriev, femme de conseiller d’État, et d’autres encore… Jugez vous-même… Je ne sais vraiment pas, monsieur… (ici le major Kovaliov haussa les épaules) excusez-moi… si on envisage cela au point de vue des principes du devoir et de l’honneur… Vous pouvez comprendre cela vous-même.

– Je n’y comprends absolument rien, répliqua le nez. Veuillez vous expliquer d’une façon plus satisfaisante.

– Monsieur, fit Kovaliov avec dignité, je ne sais comment je dois entendre vos paroles… Il me semble que tout cela est d’une évidence absolue… ou bien, vous voudriez… Mais vous êtes pourtant mon propre nez.

Le nez regarda le major en fronçant les sourcils.

– Vous vous trompez, monsieur, je suis moi-même. En outre, il ne peut exister entre nous aucun rapport, puisque, à en juger par les boutons de votre uniforme, vous devez servir dans une administration autre que la mienne.

Après avoir dit ces mots, le nez se détourna.

Kovaliov se troubla au point de ne plus savoir ni que faire, ni même que penser. En ce moment, il entendit le frou-frou soyeux d’une robe de femme, et Kovaliov vit s’approcher une dame d’un certain âge, toute couverte de dentelles, accompagnée d’une autre, mince et fluette avec une robe blanche qui dessinait à merveille sa taille fine et un chapeau de paille léger