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Si tous ces moyens ne réussissaient pas, je conseillerais volontiers de lui serrer fortement le bout du petit doigt : alors il ne sera pas long-temps sans faire sortir quelque son de sa bouche, pour se plaindre.

Je reviens à notre prononciation[1].

J’écris sur ma table pa, pé, pi, po, pu ; et voici pourquoi je commence par ces syllabes : c’est parce que, dans tout art, il faut commencer par ce qu’il y a de plus facile, pour arriver par degrés à ce qui est plus difficile. Je montre donc au sourd-muet que je serre fortement mes lèvres ; ensuite, faisant sortir l’air de ma bouche avec une espèce de violence, je prononce pa : il l’imite aussitôt. La plupart même des sourds-muets le savent prononcer avant que de s’adresser à nous, parce que les mouvemens qu’on fait pour prononcer cette syllabe étant purement extérieurs, ils s’en sont aperçus plusieurs fois, et se sont accoutumés à les faire par imitation[2].

  1. Avant de passer aux consonnes, il serait peut-être plus convenable d’apprendre à articuler les voyelles nasales an, in, on et un, qui ont été rejetées au chapitre II, article III.
  2. Est-il nécessaire de prévenir ici que l’on ne doit pas faire épeler les lettres aux sourds-muets, comme