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sourds-muets. Il arrive quelquefois que dans les premières leçons qu’on leur donne pour leur apprendre à parler, ils disposent leurs organes comme ils nous voient disposer les nôtres, pour prononcer telle ou telle lettre. Cependant, lorsque nous leur faisons signe de la proférer à leur tour, ils restent sans voix, parce qu’ils ne se donnent aucun mouvement intérieur pour faire sortir l’air hors de leurs poumons. Si on n’est pas sur ses gardes, cet inconvénient fait aisément perdre patience.

Pour y remédier, je mets la main du sourd-muet sur mon gosier, à l’endroit qu’on appelle le nœud de la gorge, et je lui fais sentir la différence palpable qui s’y trouve lorsque je ne fais que disposer l’organe pour prononcer une lettre, et lorsque je la prononce en effet. Cette différence est aussi très-sensible dans les flancs, au moins dans certaines lettres, comme dans le q et dans le p en les prononçant fortement. Je lui fais aussi éprouver sur le dos de sa main la différence du frappement de l’air, lorsque je prononce ou que je ne prononce pas. Enfin, mettant son doigt dans ma bouche, sans toucher à ma langue, ni à mon palais, je lui fais encore apercevoir cette différence d’une manière très-sensible.