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sur le revers de sa main en prononçant un ou, est chaud, mais qu’il est froid en prononçant un u[1]. La lettre h n’ajoute qu’une espèce de soupir aux voyelles qu’elle précède : l’usage apprendra quels sont les mots où l’on doit supprimer cette aspiration.

Avant que d’aller plus loin, je dois avertir tout instituteur des sourds-muets d’éviter l’inconvénient dans lequel je suis tombé moi-même, lorsque j’ai formé la résolution d’apprendre aux sourds-muets à parler. Ayant lu avec attention, et entendu très-clairement les principes de mes deux maîtres, MM. Bonnet et Amman, j’ai entrepris de les expliquer par demandes et par réponses, et de les faire apprendre à mes élèves ; j’enfilais mal à propos une route trop longue et trop difficile. J’enseignais et je perdais mon temps : il ne devait être question que d’opérer.

Les instituteurs des sourds-muets n’ont besoin que d’être avertis de ce qui se passe naturellement en eux, lorsqu’ils prononcent des

  1. La position de la langue est presque la même dans la prononciation des sons o, ou, eu. Les lèvres sont plus ouvertes pour prononcer o, elles se serrent et s’avancent davantage pour articuler ou. Si l’on pousse un peu la langue, ou si le souffle va frapper les dents, au lieu de o on entendra eu, et au lieu d’ou on entendra u.