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le doigt de mon disciple étant toujours dans ma bouche : je lui fais remarquer que ma langue s’élève, et pousse son doigt vers mon palais : alors retirant son doigt, je prononce de nouveau cette même lettre, et lui fais observer que ma langue s’élargit et s’approche des dents canines, et que ma bouche n’est pas si ouverte. Je lui montrerai dans la suite ce qu’il devra faire pour prononcer nos différens é.

Après ces deux opérations, je mets moi-même mon doigt dans la bouche de mon élève, et je lui fais entendre qu’il doit faire avec sa langue comme j’ai fait avec la mienne[1]. La prononciation de l’a ne souffre ordinairement aucune difficulté[2]. Celle de l’é réussit de même

  1. On reportera le doigt de l’enfant sur son gosier, afin qu’il puisse juger s’il imite, en prononçant, le frémissement qu’il a observé dans le gosier de son maître. Malgré cela, il peut encore arriver que l’enfant ne fasse encore entendre aucun son, parce qu’il ne donne pas assez de force à l’articulation. Approchez alors de votre bouche la paume de son autre main, pour lui faire sentir la force du souffle sonore ; faites-lui observer que le souffle qu’il donne en prononçant est bien moins fort, et insuffisant.
  2. Lorsque l’élève a bien prononcé une lettre, avant de passer à une autre, faites-la-lui répéter plusieurs fois, afin que son organe en prenne l’habitude, et en