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qu’il n’oublie point, et dont il n’est pas nécessaire de lui rappeler la signification. Le nombre et l’arrangement des lettres de chacun de ces mots est tellement gravé dans sa mémoire, que si quelqu’un, en l’écrivant, fait une faute d’orthographe, aussitôt le sourd-muet l’en avertit.

Je jouissais donc avec plaisir de la facilité que me présentaient l’écriture et les signes méthodiques pour l’instruction des sourds-muets, et ne pensais aucunement à délier leur langue, lorsqu’un inconnu vint, un jour d’instruction publique, m’offrir un livre espagnol, en me disant que si je voulais bien l’acheter, je rendrais un vrai service à celui qui le possédait : je répondis qu’il me serait totalement inutile, parce que je n’entendais pas cette langue ; mais en l’ouvrant au hasard, j’y aperçus l’alphabet manuel des Espagnols, bien gravé en taille douce. Il ne m’en fallut pas davantage ; je le retins, et donnai au commissionnaire ce qu’il désirait.

J’étais dès-lors impatient de la longueur de ma leçon ; mais ensuite, quelle fut ma surprise, lorsqu’ouvrant mon livre à la première page, j’y trouvai ce titre : Arte para enseñar a hablar los mudos ? Je n’eus pas besoin de deviner que cela signifiait l’Art d’enseigner aux Muets à