Page:L'Épée-Bébian.- Art d'enseigner aux sourds-muets, 1820.djvu/74

Cette page a été validée par deux contributeurs.

et par ses vertus, de recevoir cet héritage de gloire et de bienfaisance qui, sous sa main habile, a si bien fructifié. Déjà ses succès comblaient de joie son maître, qui, dans l’épanchement de ses espérances, lui dit un jour : « Mon ami, j’ai trouvé le verre, c’est à vous de faire les lunettes. » Témoignage aussi honorable à la modestie de l’un qu’aux talens de l’autre.

Ah ! que n’a-t-il pu vivre encore quelques années, ce grand homme, pour jouir des succès qu’il avait si heureusement prédits ! Quelle joie ineffable eût rempli son cœur, en voyant les sourds-muets le disputer aux parlans pour la pureté du style, et souvent l’emporter sur eux pour la justesse des idées ! Comme il eût tendrement serré dans ses bras Clerc et Massieu, ces deux élèves dont les noms viennent se placer si naturellement auprès de celui de leur illustre maître. L’un, habile métaphysicien, descend avec une rare sagacité dans les profondeurs de l’analyse ; le jeu de sa physionomie, le caractère pittoresque et quelquefois sauvage de son style font reconnaître en lui l’homme de la nature ; l’autre n’est pas moins étonnant par la connaissance qu’il a du monde, par son aisance dans la société et par la facilité avec laquelle il écrit en anglais comme en français :