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gieuses. Ils paraissent tous profondément recueillis, et il n’en est pas un seul qui ne prenne, en ce moment, la résolution de devenir meilleur, dans le seul espoir de mériter de se réunir à ce maître chéri, dans le séjour des bienheureux.

Ce ne fut qu’après dix ans de travaux et de succès, que M. l’abbé de l’Épée sollicita du gouvernement une dotation, pour assurer, après lui, l’existence de son établissement.

Malgré la volonté de Louis XVI, bien prononcée en sa faveur, il n’obtint que des promesses sans effet.

Cependant, ce grand homme vécut assez pour avoir l’assurance que son art subsisterait après lui, et se perfectionnerait dans sa patrie comme dans toute l’Europe. L’empereur Joseph, dans son voyage à Paris, étant venu admirer ses travaux et rendre hommage à son génie, lui exprima son étonnement de ce qu’un homme aussi utile n’avait pas obtenu au moins une abbaye, dont il aurait fait tourner les revenus au bien-être des sourds-muets ; ce prince lui offrit d’en faire pour lui la demande, ou même de lui en donner une dans ses États. « Je suis déjà vieux, répondit M. de l’Épée ; si votre majesté veut du bien aux sourds-muets, ce n’est pas sur