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tifiant, par une mort glorieuse, une noble origine[1].

Cette conduite si généreuse, si touchante de M. de l’Épée, ne fut pas cependant à l’abri des plus noires inculpations. On chercha à le re-

  1. Je dois rectifier ici quelques légères inexactitudes qui étaient d’abord échappées à la rapidité avec laquelle ce discours fut composé.
    Les infirmités et les occupations de M. l’abbé de l’Épée ne lui permirent pas d’accompagner son élève à Toulouse. Il confia ce soin au maître de pension chez qui demeurait ce jeune homme, et à Didier, autre sourd-muet, plus instruit, qui lui servait d’interprète. En 1781, une sentence du Châtelet admit les prétentions de Joseph, comte de Solar. La partie adverse en appela au parlement ; et en 1792, après la destruction du parlement, l’affaire fut portée devant le nouveau tribunal de Paris. Le malheureux sourd-muet n’avait plus ses deux protecteurs, l’abbé de l’Épée et le duc de Penthièvre. Le 24 juillet 1792, un jugement définitif infirma celui du Châtelet, et défendit au jeune homme de porter à l’avenir le nom de Solar. Alors cet infortuné s’engagea dans un régiment de cuirassiers, et, selon d’autres, dans un régiment d’artillerie légère. Didier ne voulut pas l’abandonner ; il entra dans le même corps, et y resta jusqu’à la mort de son camarade ; il se retira alors du service, et c’est de lui que l’on a appris que son ami avait péri sur le champ de bataille, frappé d’une balle au front.