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démêlait, en cet enfant, des manières polies, et des mœurs qui contrastaient avec ses vêtemens, et semblaient trahir une toute autre origine. Ne serait-ce point quelque orphelin victime de la cupidité ? peut-être l’héritier d’une grande fortune ? peut-être l’unique rejeton de quelqu’illustre famille ? Ces soupçons, d’abord vagues, acquièrent chaque jour plus de poids dans l’esprit de M. de l’Épée, à mesure que ses soins développent et l’esprit et le caractère de son élève. Une foule d’observations lumineuses viennent les fortifier. Enfin, le jeune homme, plus instruit, retraçant les souvenirs de son enfance, achève la conviction. Aussitôt la résolution de l’abbé de l’Épée est prise ; aucun effort ne lui coûtera pour rendre à ce malheureux son nom et sa fortune. Mais, hélas ! sur quoi se fondent ses espérances ; toutes les perquisitions qu’il a faites jusqu’ici ont été sans succès ! Théodore n’a jamais entendu prononcer le nom de son père : il ne connaît ni sa patrie ni sa famille ; et si on parvient à découvrir l’une et l’autre, que d’obstacles encore à surmonter ! Il vous faudra lutter, n’en doutez point, homme trop généreux, il vous faudra lutter contre des adversaires puissans ou audacieux, dont l’autorité ou l’adresse ne vous