Page:L'Épée-Bébian.- Art d'enseigner aux sourds-muets, 1820.djvu/62

Cette page a été validée par deux contributeurs.

applaudissemens a succédé, dans l’institution, le silence du geste ; alors, retiré au milieu de ses élèves chéris, il élève leurs cœurs à Dieu, pour le remercier, et lui rapporter la gloire des succès qu’ils ont partagés avec leur maître ; et purifie avec soin leur âme des plus légères atteintes de la vanité ; car c’est, avant tout, des chrétiens qu’il en veut faire : la patrie et la société nous demandent bien moins des savans que des hommes vertueux et de bons citoyens ; et ce n’est que par la religion qu’on peut se flatter de les former.

M. l’abbé de l’Épée n’avait reçu de son père qu’un modique héritage ; et comme toutes ses leçons étaient gratuites, ce n’était que dans la plus sévère économie qu’il pouvait trouver les moyens de payer la pension de ses élèves, et le traitement des maîtres et des maîtresses qui le secondaient dans une tâche aussi difficile.

« Les riches, dit-il quelque part, ne viennent chez moi que par tolérance ; ce n’est point à eux que je me suis consacré, c’est aux pauvres : sans ces derniers, je n’aurais jamais entrepris l’éducation des sourds-muets. Les riches ont le moyen de chercher et de payer quelqu’un pour les instruire. » Ainsi, cet homme charitable, aussi modeste que grand, ne mettait