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ils se comprennent tous entr’eux : c’est un fait qui n’a plus besoin de preuves. Elle n’existe

    ses doigts ; celui de Vienne parle allemand ; celui de Saint-Pétersbourg parle russe. Il s’agit donc d’améliorer et de perfectionner, non pas la partie du langage d’action qui représente immédiatement la figure des lettres, et qui ne peut être qu’une langue locale, mais celle qui représente immédiatement ses idées, afin de lui faire exprimer tout à elle seule. Supposons la chose faite. Supposons, 1o qu’on ait un dénombrement suffisamment exact des idées élémentaires ; 2o qu’on ait trouvé des signes d’action pour chacune de ces idées ; 3o et enfin que, pour combiner ces signes et ces idées, on ait rédigé une grammaire bien sage, bien naturelle.
    « Maintenant, établissons, dans toutes les écoles de l’Europe, des maîtres chargés d’enseigner cette langue. Ne vous semble-t-il pas que, dans l’espace d’une année, tout le monde pourra la parler ? Les enfans n’y seront pas les moins habiles, car ils sont curieux ; et des leçons en gestes et en mouvemens ne leur paraîtront pas ennuyeuses.
    « On pourra donc voyager au Nord, au Midi, et n’être étranger nulle part. Le Parisien se fera entendre à Lisbonne ou à Archangel aussi bien que dans le faubourg Saint-Germain. Si c’est un homme du peuple, il ne dira dans cette langue, ainsi que dans la sienne, que des choses qui se rapportent aux usages communs de sa vie ; si c’est un artiste, un savant, un philosophe, un politique, comme ils auront fait sans doute une étude soignée de la partie de la langue qui les inté-