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d’action que l’orateur emprunte ses plus sûrs moyens d’entraîner et de persuader. Enfin, si l’on peut espérer l’établissement d’une langue universelle si désirée des philosophes, et qui servirait de moyen de communication entre les peuples, le langage des gestes, comme le pensait M. de l’Épée, pourra seul remplir ce but ; surtout si l’expérience prouve qu’il peut être peint et fixé sur le papier aussi fidèlement et avec autant de facilité que la parole[1]. C’est

  1. « Une langue universelle est-elle possible ? plusieurs savans l’ont cru ; Descartes l’a cru. Descartes pense-t-il que cette langue puisse devenir familière à tous les habitans d’une ville, à tout un peuple, à tous les peuples ? Oui, répond-il, mais dans le pays des romans.
    « Nous n’irons pas dans le pays des romans, nous n’irons pas bien loin dans le pays des réalités, pour trouver la langue universelle. Nous n’aurons pas même besoin de la chercher, car elle est partout. Elle est de tous les temps et de tous les lieux. Elle fut connue de nos premiers pères ; elle sera connue de nos derniers neveux. Savans, ignorans, tout le monde la comprend, tout le monde la parle. Que l’un de nous soit transporté aux extrémités du globe, au milieu d’une horde de sauvages, croyez-vous qu’il ne saura pas exprimer les besoins les plus pressans de la vie ? croyez-vous qu’il puisse se méprendre sur les signes d’un refus barbare ou d’une intention généreuse et compatissante ? Il ne