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Les idées abstraites comme celles que nous avons formées par le secours des sens, tout est du ressort de la langue des signes. Pour créer une langue qui paraît à un si haut degré de perfection, il a fallu la réflexion la plus profonde, le jugement le plus sain, l’imagination la plus vive unie à la connaissance la plus parfaite de la grammaire. Il était réservé à un génie aussi vaste que le sien d’inventer une langue de signes qui peut suppléer à l’usage de la parole, être prompte dans son exécution, claire dans ses principes, sans trop de difficultés dans ses opérations. Voilà ce que M. de l’Épée a exécuté avec l’applaudissement général et le plus mérité. »

Cet éloge d’un rival est d’autant plus glorieux pour M. l’abbé de l’Épée, que M. Deschamps attaque ensuite tous ses procédés, qu’il trouve trop difficiles, doutant qu’il puisse jamais se rencontrer un homme assez ami de l’humanité pour dévorer les dégoûts de l’étude de la langue des gestes, qu’il vient cependant de peindre de si brillantes couleurs.

Ainsi, ce ne serait pas au maître à descendre jusqu’au sourd-muet pour lui tendre une main secourable ; il faudrait que ce faible enfant fît seul tout le chemin, sans appui et sans guide.