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au sein d’un mobile nuage. De là sans doute une des principales causes de ces querelles interminables qui divisent le monde, et font douter si l’homme a un moyen certain de découvrir la vérité.

Quelle supériorité ne remarquerons-nous pas dans les procédés de l’abbé de l’Épée, qui, par une analyse scrupuleuse, ramène toutes les notions les plus composées comme les plus abstraites, à ces idées premières, simples, précises, que son élève a apprises sans maître, qu’il exprime sans le secours de l’art, par des gestes que personne ne lui a enseignés, et qui sont toujours clairs, parce qu’ils sont l’expression naturelle et immédiate de la pensée.

« Tout sourd-muet qu’on nous adresse, dit-il, a déjà un langage qui lui est propre, et ce langage est d’autant plus expressif, que c’est celui de la nature même, et qui est commun à tous les hommes. Ce sont les différentes impressions qu’il éprouve au-dedans de lui-même qui le lui ont fourni. Il a contracté l’habitude de s’en servir, pour se faire entendre des personnes chez qui il demeure, et il entend lui-même tous ceux qui en font usage. Or ce langage est le langage des signes. » Ces signes, donnés par l’élève, sont fidèlement re-