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qui parle, concourt si heureusement à son instruction, qu’à l’âge de huit ans, comme on l’a remarqué, il a déjà ordinairement plus d’idées, qu’il n’en pourra acquérir encore dans tout le cours de sa vie.

Si le désir de connaître est un besoin pour l’homme, c’est surtout dans le premier âge. Lorsque l’enfant nous paraît tout occupé de ses jeux, il ne perd rien de tout ce qui se passe autour de lui ; son oreille, toujours attentive, ne laisse échapper aucune parole ; son coup-d’œil rapide suit tous nos mouvemens et pénètre notre pensée. Comme il triomphe ensuite de notre étonnement, quand il nous redit l’objet de nos discours et nos propres expressions ! Ainsi, à mesure que les circonstances font naître une idée, le mot, prononcé, en même temps, s’attache à cette idée, et la rappelle ensuite chaque fois qu’on l’entend, comme, à son tour, l’idée rappelle le mot.

Mais ces circonstances, qui contribuent si puissamment au développement de notre esprit et à la formation de notre langage, sont perdues pour le sourd-muet. Toutes les scènes de la vie sont, à ses yeux, enveloppées d’un voile mystérieux. L’enfant qui parle, marche dans un chemin facile et agréable dont toutes