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ces mouvemens de la physionomie et des gestes, résultats de notre organisation, et par lesquels se peint au dehors tout ce qui se passe au dedans de nous.

Quand une mère tient son fils dans ses bras, et qu’elle lui fait prononcer les premiers mots que l’enfant peut articuler, et qui, par cela même, sont devenus les noms des premiers objets de ses affections ; par exemple, le mot papa ne réveille d’abord aucune idée dans son esprit ; mais si, en le prononçant, la mère étend le bras pour lui montrer son père, l’enfant le reconnaît et sourit : le geste a interprété le mot, qui dès-lors s’unissant à l’idée, en devient le signe de rappel. Quand ensuite la mère dit à son fils : Maman t’aime ; son regard plein de tendresse, ses doux baisers ont porté le sens de ses paroles au fond du cœur de l’enfant, dont les petits bras caressans répondent à sa mère qu’elle est comprise, et que son fils lui rend amour pour amour.

Ce procédé si simple, si facile, est pourtant si certain, qu’il est sans exemple qu’un homme, à moins d’une imbécillité absolue, n’ait pas appris la langue de son pays. Telle est aussi, à peu près, la marche que doit suivre l’instituteur des sourds-muets. Mais tout est à faire avec ses élèves, tandis que tout ce qui entoure l’enfant