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si digne d’admiration. Les organes de la parole ne sont pas autrement conformés dans le sourd-muet que dans les autres hommes : il ne parle point parce qu’il n’a pas entendu, et que sa langue ne peut imiter des sons qui ne sont point parvenus jusqu’à son oreille. Mais vous pouvez lui faire voir la position et le mouvement qu’il faut donner à la langue, aux lèvres et à la gorge : ces organes une fois convenablement disposés, la voix qui les traverse en sortant du poumon, produit toujours le son désiré ; que celui qui le profère s’entende ou ne s’entende pas, c’est un instrument de musique qui répond fidèlement aux doigts de l’artiste. Le maître est si puissamment secondé par un organe naturellement imitateur, que j’ai vu des sourds-muets qui, sans leçon préliminaire, n’avaient besoin que de regarder attentivement le mouvement des lèvres, pour articuler un grand nombre de syllabes ; et j’ai sous mes yeux plusieurs de ces enfans, qui répètent passablement tous les mots qu’ils voient prononcer ; et ce sont leurs mères qui le leur ont appris, sans autre art, sans autre secours que la patience que donne l’amour maternel.

Mais quelques soins que l’on ait pris jusqu’ici pour former les sourds-muets à la parole,