Page:L'Épée-Bébian.- Art d'enseigner aux sourds-muets, 1820.djvu/34

Cette page a été validée par deux contributeurs.

que ce moyen de communication est général, on était porté à le regarder comme le seul possible.

On croyait même (et cette opinion vient tout à l’heure d’être reproduite par un de nos littérateurs les plus distingués) que la parole était indispensable à l’exercice de la pensée ; et le seul but qu’on se proposait dans l’éducation des sourds-muets, avant M. de l’Épée, était de leur rendre l’usage de cette faculté, à laquelle on supposait qu’était attaché, pour ainsi dire, le secret de l’intelligence humaine.

Loin de nous la pensée de rabaisser le mérite des hommes généreux qui conçurent, les premiers, l’idée de faire parler les sourds-muets. Il a fallu un grand esprit d’analyse pour décomposer tous les sons d’une langue, et en expliquer le mécanisme.

M. l’abbé de l’Épée n’a pas dédaigné de cultiver et de perfectionner cet art, aujourd’hui bien facile, et qui n’est pas sans utilité pour les sourds-muets ; mais dont il importe d’apprécier les résultats à leur juste valeur, parce que le charlatanisme s’en est déjà servi pour séduire des esprits inattentifs.

Faire parler les muets, dit-on souvent encore, n’est-ce pas une sorte de prodige ? Ce prétendu prodige n’a rien cependant qui soit