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nin, prêtre de la doctrine chrétienne, avait commencé, par le moyen des estampes, l’éducation de ces deux enfans ; mais la mort leur ayant enlevé cet homme charitable, elles étaient restées sans secours, personne n’ayant voulu continuer une tâche aussi pénible, et dont les résultats paraissaient si incertains. « Croyant donc, ajoute M. de l’Épée, que ces deux enfans vivraient et mourraient dans l’ignorance de leur religion, si je n’essayais quelques moyens de la leur apprendre, je fus touché de compassion pour elles, et je dis qu’on pouvait me les amener, que j’y ferais tout mon possible. » Telles sont ses expressions.

Ainsi, Messieurs, son zèle ne lui laissa pas même le temps de mesurer la carrière inconnue où il allait s’engager. La théologie et la morale avaient occupé jusqu’alors tous ses momens ; il n’avait pas même eu connaissance des faibles essais tentés avant lui en faveur des sourds-muets. Mais d’ailleurs, quels secours y aurait-il trouvés ? Les efforts presqu’infructueux de ses prédécesseurs n’étaient-ils pas, au contraire, bien propres à porter le découragement dans son âme ? Les estampes du père Vanin (ressource faible et incertaine) ne pouvaient être de son goût ; les succès apparens, obtenus en faisant