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puisse opérer la charité jointe au génie. Cet homme, digne par ses talens de tous nos hommages, digne presque d’un culte par ses vertus, dont la mémoire sera toujours en vénération aux amis de l’humanité… déjà vous l’avez reconnu ; vous avez nommé M. l’abbé de l’Épée. Pour retracer sa gloire, il n’est pas besoin d’une brillante éloquence ; son plus bel éloge sera l’exposé le plus naïf de sa vie, dont tout le cours fut la continuité d’une bonne action.

Michel de l’Épée naquit à Versailles, le 25 novembre 1712. Son père, qui était architecte du Roi, et joignait à des talens distingués une piété éclairée, s’était attaché à inspirer à ses enfans, dès l’âge le plus tendre, la modération des désirs, la crainte de Dieu, l’amour du prochain. Ces heureux principes, échauffés des exemples paternels, germant de bonne heure dans le cœur du jeune de l’Épée, y enracinèrent si profondément l’habitude de la vertu, que la pensée du mal lui devint pour ainsi dire étrangère ; et lorsque dans un âge avancé il reportait ses regards sur sa longue carrière, où, comme il le disait quelquefois, il ne se souvenait d’avoir eu qu’un seul combat à soutenir, il craignait de n’avoir point assez fait pour le ciel, et regardait comme sans mérite une vertu qui lui