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Je saisis cette occasion de donner un témoignage public de ma satisfaction à M. Bébian[1]. Secondé du zèle de ce professeur, qui a saisi mieux que personne l’esprit de ma méthode, j’ai opéré dans l’Institution d’utiles améliorations qui m’en font espérer de plus utiles encore. L’étude approfondie qu’il a faite du langage des gestes, le met à portée de faire sentir à nos élèves tout ce que les ouvrages de nos poëtes et de nos orateurs offrent de plus sublime et de plus délicat.

  1. Personne n’avait encore appliqué les procédés de cette méthode à l’enseignement du latin. M. Bébian vient de tenter un essai qui a été couronné du plus brillant succès. Au bout de cinquante leçons, il a mis un jeune sourd-muet, qui n’avait encore aucune notion de cette langue, en état de traduire, d’une manière satisfaisante, le De viris et les deux premiers livres des Fables de Phèdre, comme ont pu s’en convaincre plusieurs personnes qui ont assisté à nos leçons particulières, et qui ont vu cet élève traduire à livre ouvert un de ces deux auteurs, et le dicter à trois de ses camarades, qui ne savent pas un mot de latin. Mais comme ses signes exprimaient non pas les mots, mais les idées, les élèves, en traduisant ces signes en français, donnaient une version exacte, mais en termes différens.