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Mais il ne me serait pas possible aujourd’hui de faire la même chose ; en voici la raison :

La leçon qu’on donne à un muet, pour le langage, ne sert qu’à lui seul : il faut nécessairement ici du personnel. Ayant donc plus de soixante sourds-muets à instruire, si je donnais seulement, à chacun d’eux, dix minutes pour l’usage de la prononciation et de la lecture, cela me prendrait dix heures entières. Et quel serait l’homme d’une santé assez robuste pour soutenir une telle opération ? Mais, d’ailleurs, comment pourrais-je continuer leur instruction dans l’ordre spirituel ? Or, c’est le but principal que je me suis proposé en me chargeant de cette œuvre.

Quand on voudra, dans un établissement, conduire plusieurs sourds-muets jusqu’à une prononciation et une lecture totalement distinctes, on leur donnera des maîtres qui se consacreront par état à ce genre d’éducation, et qui les exerceront tous les jours. Il n’est pas nécessaire de choisir pour cet emploi des hommes à talens, il suffit d’en trouver qui aient de la bonne volonté et du zèle, et qui pratiquent fidèlement ce que nous avons expliqué. Pour cette œuvre purement mécanique, des gens d’esprit sont plus à craindre qu’à désirer, parce