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uns qui pleurent lorsqu’on veut leur faire cette opération, pour ceux-là, il faut leur faire sentir, sur soi-même ou sur quelqu’autre personne, le mouvement qui se fait dans le gosier en prononçant cette lettre[1].

Si cela ne réussit pas, il ne faut qu’un peu de patience, parce que ceux-mêmes qui ne peuvent la prononcer disent ordinairement très-bien la syllabe pra, lorsqu’on en est à cet endroit de l’instruction, ce qui les conduit à la syllabe ra, qu’ils ne pouvaient prononcer ; car alors il est très-facile de leur faire sentir sur eux-mêmes la différence de ce qui se passe sur leurs lèvres pour la prononciation du p, d’avec ce qui se passe dans leur gosier pour la prononciation de la lettre r.

Nous n’expliquons point en détail à nos sourds-muets les petites différences qui se trouvent dans les positions de la langue en prononçant nos quatre différens e ; nous leur faisons remarquer seulement l’ouverture plus ou moins

  1. Pour prononcer r, la langue se replie plus encore que pour l, et s’attache au haut du palais ; étant poussée par l’air qui sort avec force, elle lui cède, mais avec une sorte d’élasticité qui la fait revenir rapidement sur elle, et aussi long-temps que l’on veut faire durer le frémissement que cette lettre représente.