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L’histoire reste une « fable convenue, » surtout parce qu’elle a besoin d’être inspirée par des idées nouvelles, mais aussi parce qu’il lui faudrait des milliers de travailleurs doués d’esprit scientifique pour reconstituer la vie des siècles passés, à la façon dont Thorold Rogers et Augustin Thierry ont procédé pour des périodes déterminées[1].

En un mot, il n’y a pas une seule science qui ne souffre dans son développement du manque d’hommes et de femmes doués d’une conception philosophique de l’univers, prêts à appliquer leur esprit de recherche à un domaine donné, si limité qu’il soit, et ayant assez de loisirs pour se consacrer à ces travaux.

Mais dans une société telle que nous l’imagi-

  1. James Thorold Rogers (né en 1823, mort en 1890) a fait un travail très remarquable sur les conditions économiques de l’Angleterre depuis le XIIIe siècle. Profitant de ce que les archives de l’Université d’Oxford contiennent tous les comptes des paiements faits depuis 1259 pour divers travaux à divers artisans et aux travailleurs agricoles, ainsi que les revenus des terres appartenant à l’Université et les prix de vente du blé, etc., Rogers put reproduire le tableau économique de la vie anglaise pendant six siècles. Ses principaux ouvrages sont : History of Agriculture and Prices in England, six volumes, 1866-1888 ; Six Centuries of Work and Wages, 1884, (résumé du précédent), The Industrial and Commercial History of England, 1892, et Économical Interpretation of History, 1888. Ses travaux ont permis au professeur suédois, Gustaf Steffen, de donner, dans le Nineteenth Century (1892) et dans un ouvrage spécial, en suédois, les courbes, très remarquables, des fluctuations des salaires, ainsi que des prix du pain et de la viande depuis le XIIIe siècle jusqu’à nos jours.