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justice sanglante, la délation. Bref, je ne dirai rien de la grande question sociale, sur laquelle on a déjà tant écrit, et sur laquelle il reste tant de choses à dire. Ma seule intention est de signaler dans ces pages les bénéfices que tirerait la science elle-même de ce changement dans notre système d'éducation.

Quelques-uns diront, sans doute, que réduire les hommes de science au rôle de travailleurs manuels, ce serait causer la décadence de la science et la mort du génie. Mais ceux qui voudront bien tenir compte des considérations suivantes reconnaîtront probablement que le résultat serait tout l'opposé ; ce serait au contraire un tel renouvellement de la science et de l'art, et un tel progrès de l'industrie, que nous ne pouvons nous en faire qu'une bien faible idée par ce que nous savons de l'époque de la Renaissance.

C'est devenu un lieu commun de parler avec emphase des progrès de la science au dix-neuvième siècle ; et il est évident que ce siècle, comparé aux précédents, est un siècle glorieux. Mais si nous considérons que la plupart des problèmes qu'il a résolus avaient déjà été indiqués, et leurs solutions prévues, cent ans auparavant, nous sommes forcés de reconnaître que le progrès n'a pas été aussi rapide qu'on aurait pu s'y attendre. Quelque chose en a certainement entravé la marche.

La théorie mécanique de la chaleur avait été