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On pourrait objecter cependant qu'il y a une classe d'hommes qui n'appartiennent à aucune des trois divisions citées plus haut. Dans leur jeunesse, ils ont été des ouvriers manuels, et quelques-uns le sont encore ; mais, grâce à quelque heureuse circonstance, ils ont pu acquérir des notions scientifiques, et c'est ainsi qu'en eux la science s'allie à la connaissance d'un art mécanique. Certainement il existe de tels hommes : par bonheur il y a un noyau d'individus qui ont échappé à la spécialisation tant préconisée, et c'est précisément à eux que l'industrie doit ses principales inventions récentes. Mais, dans notre vieille Europe du moins, ce sont là des exceptions : ce sont des irréguliers, des « Cosaques », qui sortent des rangs et renversent les barrières soigneusement érigées entre les classes. Et ils sont si peu nombreux, en comparaison des besoins toujours croissants de l'industrie — et de la science, comme on va le voir tout à l'heure, — que dans le monde entier on se plaint de la rareté de ces hommes.

Comment expliquer, en effet, qu'en Angleterre, en France, en Allemagne, aux États-Unis et en Russie, on ait réclamé au même moment, à cor et à cri, un enseignement professionnel, si ce n'est là la conséquence d'un mécontentement général, causé par la division actuelle en savants, ingénieurs et ouvriers ?

Écoutez ceux qui connaissent l'industrie, et