Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/664

Cette page a été validée par deux contributeurs.


LXI

CONSTITUTION DU GOUVERNEMENT CENTRAL. —
LES REPRÉSAILLES


Après le 31 mai et l’arrestation des principaux représentants girondins, les Montagnards avaient travaillé, pendant tout l’été de 1793, à constituer un gouvernement fort, concentré à Paris, capable de tenir tête à l’invasion, aux soulèvement en province et aux mouvements populaires qui auraient pu se produire à Paris même, sous l’influence des Enragés et des communistes.

Dès le mois d’avril, la Convention avait confié, nous l’avons vu, le pouvoir central à son Comité de salut public, et elle continua à renforcer celui-ci, après le 31 mai, de nouveaux éléments montagnards[1]. Et

  1. Dantoniste d’abord, le Comité de salut public devint peu à peu robespierriste après le 31 mai. Saint-Just et Couthon y étaient entrés dès le 13 mai ; et Jeanbon Saint-André y entra le 12 juin ; Robespierre le 27 juillet. Carnot et Prieur (de la Côte-d’Or) y furent admis le 14 août, et Collot-d’Herbois et Billaud-Varenne le 6 septembre, après le mouvement des 4-5 septembre. — On distinguait, dans ce Comité trois nuances : les terroristes, Collot-d’Herbois et Billaud-Varennes ; — les travailleurs, Carnot pour la guerre, Prieur pour le génie et les armes, et Liudet pour nourrir les armées ; et les hommes d’action, Robespierre, Saint-Just et Couthon. — Le Comité de sûreté générale, qui représentait la police d’État, était composé surtout de fonctionnaires de l’ancien régime. On est même souvent amené à se demander si la plupart de ces hommes n’avaient pas gardé leurs sympathies d’autrefois. L’accusateur public auprès du tribunal révolutionnaire, Fouquier-Tinville, dépendait entièrement du Comité de sûreté générale, qu’il voyait chaque soir.