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oui, vous serez heureux… très-heureux… fiez vous-en à mon cœur.

Erman.

Et vous percez le mien par cette touchante assurance, trop aimable Amélie ! Ah ! laissez-moi à ma raison ; laissez-moi jouir en paix des douceurs attachées à la vertu : voudriez-vous que ce mortel, que vous n’avez pas trouvé indigne d’élever jusqu’à vous, devint un objet vil et méprisable, indigne de ces mêmes sentimens, dont vous voulez bien l’honorer ; indigne des bontés d’un père ?

Amélie, l’interrompant.

Je parlerai à mon père.

Erman.

Oh ! non… non… jamais… Moi qui lui dois tant ! Chaque instant de ma vie est marqué par ses bienfaits ; et j’irais, foulant aux pieds tout sentiment d’honneur et de reconnaissance, porter la douleur dans son âme ! je m’approprierais son trésor le plus précieux, son bien le plus cher, sa fille !… ah ! si jamais…

Amélie.

Mais mon, père ne veut que mon bonheur : il me l’a dit cent fois : il me l’a dit encore ce matin ; eh bien ! moi, je lui dirai, que je ne puis être heureuse qu’avec vous : d’abord il prendra son air sérieux et réfléchi, puis il dira… Il m’embrassera et il accordera ; car voilà comme il fait. Ah ! vous ne connaissez pas comme moi toute sa bonté ; oui, lui-même, je suis sûre, lui-même nous