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chose d’extraordinaire… elle a porté dans mon âme un sentiment que je ne puis définir : ce n’est point la peur, ce jeune homme ne m’en inspirait point : son regard, ses discours, la façon même dont il m’a attaqué, l’émotion dont je l’ai vu saisi… Non, tout cela n’est point d’un homme accoutumé au mal… je ne sais ; mais il y a dans tout ceci quelque chose que je veux tâcher d’approfondir.

(Il rentre. La toile tombe.)



Scène III.

Le Théâtre change, et représente le salon du château, comme au second acte.

Amélie, entre en rêvant.

D’où vient que je suis inquiète ? Je vais, je viens, et je ne sais ce que je veux : je me trouve… dans ce salon, sans savoir comment j’y suis… Il me semble que mon intention était de descendre au jardin… mais oui, il y a long-temps que je n’ai été voir mes fleurs : voyons si ce petit arbrisseau, que nous avons planté ensemble a poussé des branches ; il aura cru, il doit être charmant ;… (elle ça pour sortir, et s’arrête ) mais si pendant ce temps-là, il venait me chercher… qui ? mais quelqu’un, mon père, par exemple ;… il ne me trouverait point ; il faudrait m’appeler, me chercher ; non… il vaut mieux que je reste ici, au risque de m’ennuyer un peu. (elle s’assied et prend son ouvrage) Cela n’est pas bien agréable de rester ici seule : paix !… il me semble entendre quelqu’un… on ouvre la porte…