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CARNET DE ROUTE


la journée d’être aveuglant. Pour un beau pays, Tombouctou ne l’est certes pas. Et je suis encore bien loin d’y avoir rempli la tâche que je pourrai, je crois, mener à bien. Car s’il faut, pour agir, savoir profiter des occasions, il faut non moins bien savoir les attendre.


Tombouctou, 23 Février 1898.

Hier au soir, fin du ramadan. Le soleil était à peine sous l’horizon, que les noirs prétendaient apercevoir le petit croissant de la lune. Personnellement, je ne l’ai guère vu qu’une demi-heure après. Mais dans leur empressement à rompre leur jeûne, ils ne m’ont pas consulté, les coups de fusil sont aussitôt partis de tous les côtés, et les tams-tams ont commencé leur infernale musique. Beaucoup de bons musulmans ne s’étaient nullement gênés, du reste, pour fumer toute la journée, tandis que d’autres buvaient l’absinthe achetée en cachette chez le traitant.