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— Mais, dit Kohlhaas d’un air incertain, me donnez-vous votre parole de la supprimer dès que j’en exprimerai le désir ? »

Le prince répondit que cela allait sans dire ; et, lui présentant trois de ses lansquenets, il leur dit que l’homme auprès duquel il les laissait était libre, et que leur devoir était de le protéger contre les insultes du peuple. Puis, saluant Kohlhaas, il s’éloigna.

Vers midi, Kohlhaas, accompagné de ses trois lansquenets, et suivi d’une foule innombrable qui, le voyant bien gardé, n’osait lui faire aucun mal, se rendit chez le chancelier du tribunal. Celui-ci, après l’avoir introduit avec beaucoup de bonté dans sa chambre d’audience, s’entretint avec lui pendant deux heures de tout ce qui s’était passé depuis l’origine