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t’aurait pleinement satisfait, je n’en doute pas, et si cela n’était point arrivé, n’aurais-tu pas mieux fait encore de pardonner au gentilhomme pour l’amour de ton Sauveur, et de reprendre tes chevaux pour les rétablir dans ton écurie à Kohlhaasenbruck.

— C’est possible, répondit Kohlhaas en faisant quelques pas dans la chambre ; il se peut que j’eusse fait comme vous dites, si j’avais su que le sang de ma femme devait couler. Mais à présent que cette affaire m’a tant coûté, elle doit être poussée à bout, et le gentilhomme sera contraint à restaurer mes chevaux. »

Après un instant de réflexion, Luther dit qu’il écrirait au prince électeur à son sujet ; qu’en attendant, il lui recommandait de se tenir tranquille à son château de Lutzen, où il apprendrait par un nouveau placard